A l’évocation du mot “généalogie”, nous projetons tout de suite une fratrie, des parents, des grands-parents…
Oui, c’est bien cela. Mais pas que.
Il y aussi les séparations, les recompositions, les décès, les migrations, les guerres… Autant de raisons pour expliquer qu’un arbre n’est pas linéaire entre ses racines et ses bourgeons. Que les parcours de vie peuvent être sinueux avec des noeuds.
M. se raconte
Cette semaine, j’ai rencontré M. Quelle émotion à évoquer les 1000 vies de son papa ! La voix est partie. Les larmes sont montées. Le silence s’est fait.
Elle avait 12 ans à son décès.
Au fur et à mesure de notre conversation, M. a sorti des sacs remplis de papiers, documents officiels et photos. Un drôle de classement mais nous avons eu la chance de consulter le livret de famille de ses parents, des actes de naissance de sa fratrie, des cartes professionnelles de son papa, le permis de conduire passé tardivement par sa maman. Ils nous ont servi de point de départ pour les commenter et remettre les événements dans l’ordre.
La mémoire est revenue par vagues. Au fil des questions et de la découverte des documents. Elle poursuit même encore son travail aujourd’hui puisque je reçois des SMS de compléments d’informations.
Les photos n’étaient pas nombreuses. Peu étaient datées et légendées. Certaines photos étaient même découpées ou arrachées d’albums photos. Pas facile dans ces conditions de mettre un visage sur chaque membre de la famille.
Nous avons toujours plus de facilité à parler des proches pour qui nous avons un fort affect. Aussi, j’ai respecté son rythme tout en essayant d’orienter en douceur sur la vie de sa maman, sa vie à elle enfant, sa jeunesse, sa rencontre avec le père de ses enfants…
J’ai eu quelques réponses. J’ai laissé des blancs et puis…
Pffft… J’ai senti que le tiroir se refermait subrepticement. Parler de soi, évoquer son histoire familiale n’est pas un exercice facile. Comme le disait Jean d’Ormesson, « La vie est naturellement une vallée de larmes. Elle est aussi une vallée de roses. »